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Nicolas Sarkozy : Le démantèlement des mensonges médiatiques après une condamnation d’une « gravité exceptionnelle »

L’annonce du verdict est tombée comme un couperet, d’une lourdeur insoutenable pour l’ancien chef de l’État : cinq ans de prison ferme avec un mandat de dépôt différé pour « association de malfaiteurs » en lien avec le financement illégal de sa campagne présidentielle. Une sentence historique, saluée par certains comme le triomphe de l’État de droit, et vilipendée par d’autres comme une « aberration juridique » ou un règlement de comptes politique.

Mais au milieu du tumulte médiatique, des dénégations en cascade des avocats et des éditorialistes complaisants, un homme a pris la parole pour remettre les pendules à l’heure, non pas avec des opinions, mais avec des faits : Fabrice Arfi, journaliste d’investigation à Mediapart. Dans une mise au point sans concession, il a méthodiquement déconstruit les sept mensonges majeurs qui encombrent l’espace public, transformant une affaire de « gravité exceptionnelle » en un feuilleton de désinformation.

Le problème, comme le souligne Arfi, n’est pas tant que certains commentateurs pensent différemment, mais qu’ils « adossent leur raisonnement sur des faits qui sont parfaitement inexacts. »

 

Le Mythe Mort-Né du « Dossier Vide » : Un Pacte Scellé avec un Terroriste

 

La première et la plus tenace des affirmations est celle-ci : « Le dossier est vide. » Une formule choc, largement reprise, insinuant que Nicolas Sarkozy aurait été condamné sur la seule base d’une supposition, d’un simple « il ne pouvait pas ne pas savoir » ce que faisaient ses proches collaborateurs.

C’est faux.

Comme le martèle Fabrice Arfi, la condamnation ne repose pas sur une idée ou un projet intellectuel, mais sur des actes préparatoires de délits de corruption et de financement illicite. Ces actes sont d’une nature ahurissante, d’une gravité morale et pénale sans précédent pour un homme d’État.

Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux ont été reconnus coupables d’avoir négocié un « pacte corruptif » avec une personnalité non seulement hostile aux intérêts de la France, mais aussi criminelle : Abdallah Senussi, le numéro deux du régime de Mouammar Kadhafi, un homme lui-même définitivement condamné par la justice française pour son rôle dans l’attentat contre le vol UTA.

Le journaliste rappelle les faits concrets, consignés dans la procédure : le pacte a été négocié lors de deux rendez-vous secrets, tous deux organisés dans le dos de l’ambassade de France.

  • Le premier rendez-vous a eu lieu à Tripoli, entre Claude Guéant et le terroriste Senussi.
  • Le second rendez-vous a suivi, entre Brice Hortefeux – alors ministre des collectivités territoriales sous l’autorité de Sarkozy – et le même Senussi.
  • Négocier un financement occulte de campagne avec un terroriste, c’est plus qu’un délit : c’est, selon Arfi, un véritable « complot contre la République ». Un acte d’une violence symbolique inouïe, qui justifie amplement les motivations du tribunal.

     

    Les 6,5 Millions d’Euros : La Trace de l’Argent Sale

     

    Un autre argument massue de la défense et de ses relais médiatiques est l’absence de preuves tangibles de l’argent. L’idée que « pas un centime libyen » n’aurait circulé dans la campagne est devenue une ritournelle.

    C’est factuellement inexact.

    Le tribunal a formellement établi que la partie libyenne a honoré sa part du pacte en versant 6,5 millions d’euros. Et la trace de cet argent ne s’est pas arrêtée là. Fabrice Arfi cite directement le jugement qui indique que ce « pactole libyen a donné lieu à des retraits d’espèces importants dans une temporalité compatible avec la campagne électorale ».

    Mieux (ou pire) encore, des espèces illégales ont bel et bien circulé au QG de campagne de Nicolas Sarkozy et au siège de l’UMP. Les explications alambiquées du trésorier de campagne, Éric Woerth, sur des « grosses coupures » envoyées anonymement par la poste par des militants, ont été qualifiées par le tribunal de « dénuées de toute crédibilité ».

    Pourquoi alors Nicolas Sarkozy et Éric Woerth ont-ils été relaxés du délit de financement illicite de campagne ? Non pas parce que l’argent était légal, mais par un vice de procédure technique. Le droit pénal stipule que seul le candidat (Nicolas Sarkozy) peut être l’auteur principal de ce délit. Le tribunal, n’ayant pas de preuve formelle que Sarkozy savait pour la circulation des espèces, a dû prononcer la relaxe de l’auteur principal, ce qui a mécaniquement entraîné la relaxe d’Éric Woerth, son complice en droit français. Une nuance juridique que le commentariat de plateau s’empresse d’omettre.

     

    L’Irréfutable « Faisceau d’Indices » : Plus de Preuves que Jamais

     

    La défense tente de noyer le poisson en martelant qu’il n’y a « pas de preuve ». Pourtant, Fabrice Arfi le confirme : « On a rarement vu autant de preuves matérielles » dans un dossier de cette magnitude.

    Ces preuves ne sont pas de simples rumeurs ou des hypothèses, mais des éléments concrets, matériels :

  • Les virements bancaires confirmant le versement de l’argent libyen pour honorer le pacte.
  • Les carnets de Shukri Ghanem, ancien dignitaire libyen, qui consignait les versements. Ces documents sont une preuve « déterminante » de l’intentionnalité du régime libyen.
  • Les archives des intermédiaires, fruits de 52 perquisitions, incluant des documents retrouvés au ministère de l’Intérieur et à la Présidence de la République.
  • Les avocats et leurs soutiens jouent sur la sémantique, opposant l’idée de « preuves » au « faisceau d’indices ». Or, en droit pénal, le faisceau d’indices, lorsqu’il est « grave, précis et concordant », constitue la preuve. Il est la conjonction de multiples éléments matériels, et non une simple intuition.

     

    Le Détail Crucial : Le Contenu Honteux du Pacte Corruptif

     

    Un autre mensonge largement diffusé est l’idée que, faute de condamnation pour corruption, « tout ça tombe » et qu’il n’y a pas eu de pacte de corruption.

    C’est une erreur de lecture juridique capitale.

    Le tribunal confirme l’existence du pacte corruptif. La raison pour laquelle Nicolas Sarkozy est relaxé de l’infraction de corruption est une subtilité technique relative à sa fonction. Il a négocié le pacte en tant que candidat (même s’il était ministre de l’Intérieur, il n’agissait pas en tant que tel pour la négociation). Pour qu’il y ait corruption, il faut être « dépositaire de l’autorité publique » au moment de l’acte. Le tribunal a estimé qu’il n’y avait pas de preuve d’un « acte positif » d’honorer le pacte après son élection à la présidence.

    Cependant, le contenu de ce pacte, lui, demeure, et il est scandaleux. Les contreparties exigées par Kadhafi étaient de trois ordres, toutes d’une portée politique et éthique vertigineuse :

    1. Réintégrer la Libye dans le concert des nations.
    2. Promettre de regarder la situation pénale du terroriste Abdallah Senussi, un acte allant directement à l’encontre de la justice française.
    3. Vendre du nucléaire au dictateur Mouammar Kadhafi.

    Le pacte existe. Il est « niché au cœur de l’association de malfaiteurs », même si l’ancien président a échappé à la qualification de corruption sur un fil juridique.

    Le Mythe du Casier Vierge et la Haine de l’Égalité

     

    Deux affirmations concernant la peine ont également fait florès : celle de la « peine maximale » et celle du « casier vierge » justifiant une clémence.

    Premièrement, l’avocat qui a avancé la peine maximale a été renvoyé à ses « charges d’étude » par Fabrice Arfi : l’association de malfaiteurs encourt 10 ans, Nicolas Sarkozy a été condamné à 5 ans. Il n’a donc pas reçu la peine maximale.

    Deuxièmement, l’argument du casier vierge est balayé avec une force glaçante. Nicolas Sarkozy n’a plus de casier judiciaire vierge. Il est définitivement condamné en droit interne français pour corruption dans l’affaire Bismut, où il a été reconnu coupable d’avoir corrompu un haut magistrat de la Cour de cassation.

    Le mandat de dépôt, cette décision choc qui envoie potentiellement l’ancien président en prison, n’est pas prononcé à cause d’une récidive future, mais pour deux raisons précises et inattaquables :

    1. La gravité exceptionnelle des faits : négocier un financement occulte de campagne avec un terroriste.
    2. L’attitude de l’accusé : Nicolas Sarkozy a continué de « minorer » ses condamnations, de « mettre en cause l’institution judiciaire » alors même qu’il comparaissait sous bracelet électronique pour l’affaire Bismut.

    Comme le conclut le président du Tribunal judiciaire de Paris, le mandat de dépôt est prononcé après jugement pour une question de gravité, et non de risque de récidive. La véritable lecture de cette séquence, selon Arfi, est simple : elle révèle une « haine de l’égalité devant la loi » d’une partie des commentateurs qui n’acceptent pas que des politiques, même anciens chefs d’État, soient traités comme « n’importe quelle française et français » : personne n’est au-dessus des lois.

     

    L’Inacceptable Diversion Contre Mediapart

     

    Enfin, la dernière manœuvre de diversion a consisté à attaquer le journal Mediapart, l’accusant d’avoir monté un « complot » avec la justice et d’être à l’origine de la plus grande « fake news » avec la publication d’une note libyenne.

    Là encore, les faits sont têtus :

  • Les premières révélations de Mediapart sont antérieures à la note incriminée.
  • L’enquête judiciaire a été ouverte, non pas à cause de la note, mais à la suite des déclarations de l’intermédiaire Ziad Takieddine.
  • L’autorité judiciaire la plus haute, la Cour de cassation, a statué que la note en question n’était ni un faux matériel, ni un faux intellectuel.
  • La réalité, selon Fabrice Arfi, est que le seul complot avéré est celui qui a mené à la condamnation de Sarkozy : « un complot contre la République ». En riposte à ces attaques, les codirectrices éditoriales de Mediapart ont publié un texte dénonçant « la piteuse diversion contre Mediapart », soulignant que la violence et les attaques contre la presse ont des conséquences alarmantes : des magistrats sont menacés et les journalistes reçoivent des messages haineux et des menaces de mort.

    La condamnation de Nicolas Sarkozy est un séisme, mais elle est ancrée dans des faits d’une « gravité exceptionnelle ». Ce que cette séquence révèle, c’est avant tout une « pathologie française » où une partie de la classe médiatique et politique refuse d’admettre que, dans la démocratie, le « régime du n’importe qui » doit prévaloir : personne n’est au-dessus des lois.

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