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Le “Scandale Monumental” qui s’effondre en une phrase : L’incroyable duel Panot-Gouvernement à l’Assemblée

L’Assemblée Nationale est souvent le théâtre de grandes tragédies, de comédies shakespeariennes et de duels oratoires qui marquent la vie politique. Mais rarement une confrontation n’a aussi parfaitement illustré l’adage selon lequel la politique est un art du spectacle. Ce jour-là, l’hémicycle a retenu son souffle face à ce qui s’annonçait comme un “blockbuster américain”, une mise en accusation fracassante qui devait faire trembler le gouvernement sur ses fondations.

Au centre de l’arène, Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise, dans le rôle de “l’inquisitrice”. Le ton est grave, le visage fermé, la voix chargée d’une indignation sacrée. Elle s’avance à la tribune non pas pour poser une question, mais pour livrer un réquisitoire. L’accusé ? Le Premier Ministre et son gouvernement. Le crime ? Une trahison morale, un déshonneur pour la France.

Acte 1 : Le Réquisitoire de “l’Inquisitrice”

Dès les premiers mots, l’attaque est lancée, précise et brutale. Le gouvernement, selon Madame Panot, s’apprête à accueillir le “super-vilain du moment” : Bezalel Smotrich, le ministre des Finances israélien.

Pour que l’hémicycle comprenne bien l’ampleur du scandale, elle dégaine une série de citations attribuées au ministre, chacune plus glaçante que la précédente. “Il n’y a pas de peuple palestinien”, assène-t-elle, la voix vibrante de colère. Elle continue, décrivant un homme qui trouverait “justifié et moral de bloquer l’aide humanitaire pour la bande de Gaza, même si cela pouvait entraîner la mort de 2 millions de Palestiniens”. L’horreur monte d’un cran lorsqu’elle évoque ses ambitions territoriales : “Je veux un État juif qui comprenne la Jordanie, le Liban et certaines parties de l’Égypte, de la Syrie, de l’Irak et de l’Arabie Saoudite”.

Le portrait est celui d’un extrémiste radical, un homme que Panot qualifie, en citant ses propres termes, de “fasciste homophobe”.

Mais le crime, le vrai, n’est pas seulement que cet homme existe. Le crime, c’est que la France, patrie des droits de l’Homme, s’apprêterait à lui dérouler le tapis rouge. Panot détaille le contexte : un “gala” prévu le 13 novembre, destiné à “mobiliser les forces francophones sionistes”. Un gala qu’elle rebaptise, dans un souffle d’effroi, le “gala des génocidaires”, citant l’organisatrice qui aurait déclaré qu’il n’y a “pas de population civile innocente à Gaza”.

L’indignation de la députée atteint son paroxysme. Elle se tourne vers le banc du gouvernement et lance l’accusation fatale : “Mais votre gouvernement, monsieur le Premier Ministre, estime que le ministre est bienvenu en France ! Comment osez-vous accueillir à bras ouverts un des visages les plus cruels du génocide à Gaza ?”.

La charge est terrible. Elle oppose le sort réservé à cet invité à celui des militants pour la paix en France, qui seraient, selon elle, “poursuivis pour apologie du terrorisme”. L’ironie est sanglante. D’un côté, la répression pour ceux qui parlent de paix ; de l’autre, le “tapis rouge” pour celui qui ferait “l’apologie réelle du génocide”.

Elle conclut son réquisitoire en affirmant que la place de Bezalel Smotrich “n’est pas dans un gala, mais dans un tribunal international, sur le banc des accusés”. La France, en autorisant cette visite, “se déshonore”. La tension est à son comble. Le scandale est posé. Il est énorme. Tous les regards se tournent vers le Premier Ministre. Comment le gouvernement va-t-il se défendre d’une telle accusation ?

Acte 2 : L’Épingle et la Baudruche

Le Premier Ministre se lève. L’ambiance est électrique. On s’attend à une contre-attaque furieuse, à une justification complexe, à un déni embarrassé. Il n’en sera rien.

Avec le calme et “la passion d’un expert-comptable qui lit un rapport”, le chef du gouvernement prend la parole. Il remercie la présidente pour sa question, la qualifiant “d’importante et grave”. Puis, sans crier, sans emphase, il sort une “toute petite épingle”.

Et il crève le scandale monumental.

“Euh non,” commence-t-il, presque placidement. “Nous n’accueillons pas à bras ouverts ce ministre israélien. Non”.

Un silence. Une fraction de seconde où l’incompréhension domine. Le “blockbuster” vient de s’arrêter net. Le narrateur de la séquence l’analyse parfaitement : “Le scandale est mort et enterré en 30 secondes chrono”.

Le Premier Ministre déroule alors la simple vérité factuelle, une vérité qui réduit en cendres l’intégralité de l’argumentaire enflammé de Mathilde Panot. Il s’agit, explique-t-il, d’un “déplacement privé”. Il précise, et chaque mot est un clou dans le cercueil du scandale : “Aucune autorité française n’est d’aucune manière associée à cet éventuel déplacement”.

Puis, le coup de grâce, l’uppercut final qui met K.O. l’accusation : “Et il n’y aura, je veux le dire tranquillement et fermement, aucune forme de contact gouvernemental avec lui”.

C’est ce qu’on appelle un “grand moment de solitude”. L’accusation de “tapis rouge” et de “déshonneur” de la France s’effondre. Elle n’était basée sur rien. Le gouvernement n’a jamais invité cet homme, ne l’accueille pas et ne le rencontrera pas.

Acte 3 : Quand le Gouvernement Ramasse la Mise

Mais un bon politicien ne se contente pas de parer un coup. Il le retourne à son avantage. Le Premier Ministre, ayant désamorcé la bombe, décide de s’approprier l’indignation de Madame Panot et de la renvoyer à l’expéditrice.

“Et je vais aller plus loin, madame la présidente,” enchaîne-t-il, alors que la gauche de l’hémicycle est encore sonnée. Il explique avoir parfaitement “l’écho et l’indication des propos tenus” par ce ministre.

Loin de lui dérouler le tapis rouge, le gouvernement français a, dit-il, “condamné dans les termes les plus clairs les propos irresponsables et inacceptables qu’il a tenus, notamment lors d’une précédente visite en France”.

En une phrase, il vient de se positionner non pas en complice, mais en opposant moral à M. Smotrich, volant au passage le rôle que tentait de s’attribuer Mathilde Panot. Il enfonce le clou : “La France est résolument opposée aux positions exprimées par ce ministre et par tous les groupes dont il est proche. Je ne peux pas être plus clair”.

Et pour prouver que ce ne sont pas que des mots, il rappelle les actions concrètes de son propre gouvernement, des actions allant dans le sens que réclamait… Mathilde Panot. “J’ajoute que nous avons pris des sanctions,” déclare-t-il, “contre les colons, contre les entités qui incitent à la haine et à la violence en Cisjordanie. Nous les avons prises à titre national et avec nos partenaires européens”.

La boucle est bouclée. La femme qui venait accuser le gouvernement de complicité de génocide se retrouve face à un Premier Ministre qui non seulement n’est pas complice, mais qui lui rappelle qu’il a déjà pris des sanctions contre l’extrémisme qu’elle dénonce.

La Leçon Politique : Vérifier Avant de Crier

Le reste du discours du Premier Ministre est classique, un “remplissage” sur l’engagement de la France pour la paix, un retour à la diplomatie après avoir éteint l’incendie. Mais la leçon politique est brutale, et elle est parfaitement résumée par l’observateur de la séquence : “Avant de lancer une alerte enlèvement pour un scandale, vérifier que le scandale existe vraiment”.

Mathilde Panot a tenté un coup de poker. Elle a misé toute sa crédibilité sur une indignation théâtrale, en partant d’une prémisse factuellement fausse : l’implication du gouvernement français. Elle a construit un château de cartes moral sur du sable. Le Premier Ministre n’a eu qu’à souffler dessus avec un simple fait – “nous ne l’avons pas invité” – pour que tout s’écroule, la laissant seule à la tribune, prise au piège de sa propre fureur.

C’est le risque de la politique spectacle, celle qui privilégie l’émotion à la vérification, le “blockbuster” à l’enquête. Ce jour-là, l’hémicycle a assisté à une performance d’actrice magistrale, suivie d’une réponse de scénariste impitoyable. Et comme toujours dans le “zapping” politique, le moment de solitude de l’un est devenu la “pépite” de l’autre.

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