Karen Cheryl / Isabelle Morizet : De la Star Disco à l’Annihilation, la Tristesse Silencieuse derrière le Sourire
Pour des millions de Français, elle était Karen Cheryl, l’icône pop au sourire éclatant. Mais derrière les projecteurs aveuglants se cachait Isabelle Morizet, une femme soumise à une pression immense, à une trahison financière dévastatrice, et contrainte à une réinvention radicale pour sa survie psychologique. Son histoire est celle d’un double destin : une carrière fabriquée pour la gloire, et une vie privée marquée par les cicatrices.
L’Ascension de la Star Fabriquée
Née Isabelle Morizet, l’artiste grandit dans la quiétude bourgeoise de Saint-Germain-en-Laye, se passionnant pour la musique et, de manière inattendue, la batterie (elle remporte le premier prix du conservatoire). Après avoir envisagé une carrière en recherche scientifique, un destin fortuit met sa maquette entre les mains de Max Amphoux, puis de l’assistant du producteur Claude Carrère, Humbert Petrucci (Ibach).
En quelques minutes, Isabelle Morizet disparaît pour devenir Karen Cheryl, une créature de studio, une promesse de succès. Le tournant arrive avec la vague disco et le tube Sing to Me Mama (plus tard Chante pour nous Mama). Elle adopte sa signature visuelle — la queue de cheval haute — et enchaîne les succès (Show Me You’re Man, Ne raccroche pas, je t’aime).
Cependant, cette gloire a un prix : Karen se retrouve soumise à la pression immense de son producteur. Elle est traitée comme un produit à vendre, enfermée dans une “cage dorée” où sa musique, ses vêtements et son image sont dictés par l’industrie.
Le Tournant et l’Acte de Libération
Au début des années 1980, on lui offre le graal : une émission de télévision entièrement consacrée à elle (Numéro 1 des Carpentier), à condition qu’elle chante en français. Le succès commercial est relancé (Si), mais Karen est en quête d’authenticité.
En 1984, on lui propose un rôle prestigieux et lucratif : devenir l’ambassadrice officielle de Disney en France. Elle prend alors une décision qui stupéfie toute l’industrie : elle refuse. Lasse d’être enfermée dans une image trop lisse et trop commerciale, ce refus est un acte de libération, mais il coïncide avec le déclin de sa carrière de chanteuse.
Elle entame une reconversion stratégique, devenant animatrice télévisée pour la jeunesse, notamment avec l’immensément populaire Hugo Délire. Elle devient une présentatrice joviale et professionnelle, masquant discrètement son passé de pop star.
Les Blessures Secrètes : La Trahison Abyssale
Derrière les projecteurs, Karen Cheryl mène une vie privée marquée par de profonds bouleversements :
La Renaissance : Isabelle Morizet
Le geste le plus symbolique de sa renaissance est l’abandon du pseudonyme. Elle renaît publiquement sous son vrai nom, Isabelle Morizet, et entame une carrière saluée à la radio sur Europe 1, menant des entretiens profonds et intelligents.
Dans un besoin de survie psychologique, elle a activement bloqué la réédition en CD de ses anciens albums, considérant son passé de pop star comme une version d’elle-même qu’elle ne reconnaissait plus.
Aujourd’hui, Isabelle Morizet a choisi la paix plutôt que la popularité. Elle est mère d’un fils, Oscar, dont elle a toujours protégé l’anonymat, et est mariée à Jérôme Bellay, journaliste et cadre des médias, trouvant une relation fondée sur le respect, la simplicité et l’égalité intellectuelle. Elle vit loin du tumulte, reconnaissante de la liberté que cette distance lui a offerte pour devenir, enfin, elle-même.
