Comment une femme de 73 ans a éliminé 16 membres d’un cartel au Mexique
Nom : Rosana Guadalupe Hernández, originaire de Puebla. Veuve depuis l’âge de 48 ans, elle vivait seule à Nesa Walcoyotl, dans l’État de Mexico. Elle tenait une modeste petite boutique héritée de son mari et élevait son petit-fils de 17 ans, César Hernández, comme son propre fils. En janvier 2013, César fut abattu.
Le message venait directement du cartel le plus puissant, qui étendait son emprise sur tout l’État. Doña Rosana enterra son petit-fils. Le lendemain, elle ferma la boutique. Le surlendemain, elle retrouva une boîte métallique qu’elle conservait depuis les années 1970, époque où elle travaillait pour le gouvernement mexicain pendant la Guerre sale. La suite fut inattendue.
En six mois, quinze membres du cartel furent éliminés sans témoin, sans laisser de traces. Dès lors, naquit la légende de la vieille justicière de Nesa, la femme qui élimina quinze membres de la plus grande organisation criminelle du Mexique. Doña Rosana se levait toujours avant l’aube.
C’était à l’époque où le silence régnait encore dans le quartier Benito Juárez et où le chant des oiseaux couvrait les sirènes de police. Elle mettait l’eau à chauffer, préparait du café à la cannelle, allumait la vieille radio et écoutait toujours la même musique : José Alfredo Jiménez. La petite épicerie, grande comme un salon, avec ses étagères bancales, sentait le savon à lessive et les haricots en sachet.
Les passants achetaient à crédit et payaient dès qu’ils le pouvaient. Doña Rosana savait qui était un travailleur acharné, qui était un guetteur, qui était là juste pour tâter le terrain, mais elle traitait tout le monde de la même façon, d’un « bonjour » qui n’appelait pas de réponse. C’était ainsi tous les jours jusqu’à ce que César commence à changer. « Nana, je vais faire un boulot, je reviens tout de suite. » « Quel genre de travail, fiston ? Tu as 17 ans et tu n’as même pas fini le lycée. » « Détends-toi, Nana. Je cherche du travail dans le coin. » Elle n’insista pas, elle le regarda simplement dans les yeux et vit ce qu’aucune grand-mère ne veut voir : la peur déguisée en courage. César ne mangeait plus à la maison ; il dormait. Il arrivait avec une chaîne en or autour du cou, des baskets de marque et les yeux injectés de sang.
Un jour, il glissa un pistolet dans son sac à dos. Elle fit semblant de ne rien voir, mais elle n’oublia jamais ce poids. Dans le quartier, on disait : « César est impliqué dans le crime. Il est devenu guetteur pour le cartel. Mais c’est un bon gars. » C’est Doña Rosana qui l’avait élevé. Elle écoutait tout en silence, se contentant d’allumer la radio et de continuer à emballer du riz jusqu’au petit matin.
À 3 heures du matin, la voisine frappa à la porte, la voix tremblante. « Doña Rosana, réveillez-vous ! C’est César ? » Elle n’a rien demandé, elle a juste attrapé ses tongs, sa carte d’identité et son chapelet. Elle s’est rendue sur place. Un ravin derrière l’école abandonnée. Il y avait une patrouille de police, des badauds et du ruban jaune. Le corps gisait là, comme si de rien n’était.
Un maillot déchiré du Club América, du sang sur le front et un bout de papier froissé dans la poche. « Qui se croit malin se couche tôt. » Le procureur aurait voulu l’interroger, mais son regard l’en empêchait. Elle s’est contentée d’un signe de tête, a confirmé son identité et est rentrée chez elle seule.
Pas une seule larme n’a coulé à l’enterrement, ni lorsqu’ils ont jeté la dernière pelletée de terre, ni lorsqu’ils ont crié « Courage, Doña Rosana ! » Elle serrait son chapelet contre elle, le regard perdu dans le vide. Le lendemain, la petite épicerie est restée fermée, ainsi que le surlendemain. Le troisième jour, personne ne vit Doña Rosana partir, mais cette nuit-là, on aperçut une lumière allumée à l’arrière et on entendit un bruit sourd de bois traîné.
La personne qui l’entendit dit que cela ressemblait au bruit d’une chaise lourde, mais c’était plus que cela. Elle était dans la cour, accroupie, les cheveux attachés, transpirant sous la pleine lune, en train de creuser. Elle creusa jusqu’à trouver ce dont personne ne soupçonnait l’existence : une boîte en métal rouillée, enveloppée dans un épais plastique et fermée par du ruban adhésif militaire.
Lorsqu’elle l’ouvrit, une forte odeur s’échappa, comme une explosion. À l’intérieur se trouvaient un pistolet 9 mm enveloppé dans un chiffon, un carnet noir contenant des notes codées, une fausse carte d’identité avec un autre nom, María de los Ángeles Ramírez, et une vieille photo d’elle en uniforme, entourée d’hommes armés, avec les initiales DFS gravées en arrière-plan.
Elle fixa la photo pendant plusieurs minutes. Elle prit alors le pistolet, vérifia le chargeur et l’arma nonchalamment, comme si c’était la veille. Elle s’assit sur une chaise en fer, alluma une cigarette – sa première en vingt ans – et leva les yeux vers le ciel. « Tu étais tout ce que j’avais, mon fils. » Une larme coula. Une seule. Maintenant, ils vont savoir qui je suis.
Le lendemain matin, on retrouva Rifa, un des barons de la drogue locaux, avec deux balles dans la poitrine. Aucune caméra, aucun témoin, et un billet dans sa poche, écrit d’une écriture tremblante : « Pour chaque mère qui a enterré un fils, prêtez-moi votre douleur. »
Le corps de Rifa fut découvert dans une ruelle sans caméras, entre le terrain de basket et l’arrêt de bus. Deux balles nettes, aucune lutte, aucune trace de fuite. La police arriva après qu’un éboueur eut remarqué l’étrange paquet au sol. Quand la sirène retentit dans le quartier, personne n’osa regarder par la fenêtre ; il n’était qu’une statistique de plus.
Ils ont dit : « Encore un qui se retrouve mêlé à des ennuis, un


