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Jean-Baptiste Guégan : Du Camping au Zénith, l’Incroyable Destin du Sosie Vocal qui Comble le Vide de Johnny

C’est un phénomène qui défie l’entendement, une résurrection vocale que les fans du Taulier n’osaient plus espérer. Dans l’histoire de la chanson française, ce qui se déroule autour de Jean-Baptiste Guégan est un événement sans précédent. À 36 ans, ce Breton à la voix troublante est passé de l’ombre de l’anonymat le plus total à la lumière écrasante des Zénith, propulsé par un amour et un besoin collectif de retrouver l’écho d’une légende disparue.

Il y a quelque chose d’extraordinaire à voir un homme, au timbre et au vibrato si familiers, rendre « Johnny à la vie ». Longtemps considéré comme un simple sosie vocal, vivotant dans l’ombre de la star, Jean-Baptiste Guégan est devenu, depuis la mort de Johnny Hallyday, l’objet de toutes les convoitises. Il remplit un « vide inconsolable » dans le cœur des fans, et son histoire, faite de persévérance, de chance et de sacrifices, est celle d’un artiste propulsé sur le devant de la scène par le destin.

 

Dix-Sept Ans d’Ombre et de Cachets à 150 €

 

L’itinéraire de Jean-Baptiste Guégan, avant la gloire, est un long chemin de croix, typique de l’artiste de l’ombre. Pendant près de deux décennies, alors que le vrai Johnny remplissait les stades, lui arpentait les routes de Bretagne, se contentant des scènes modestes des campings, des supermarchés et des kermesses. Il se faisait appeler « Johnny Junior » et chantait les classiques du Taulier pour gagner chichement sa vie, parfois pour des cachets d’à peine 150 €.

Dans ces salles où le public était parfois clairsemé, le jeune Breton a développé une endurance et une humilité rares. Ses débuts se sont faits dans les karaokés, après avoir appris la guitare en autodidacte. Il a mis fin prématurément à ses études en ébénisterie, affirmant avec la détermination propre à l’artiste : « Je me suis dit allez, je vais pas faire ça à 50 ans, alors j’y vais, je vais chanter ». C’est le début d’une routine incessante : plus de 1500 concerts, un labeur qui forge un professionnel, mais qui ne paie pas.

Il le dit lui-même avec une modestie touchante, il était là « pour les gens qui n’ont pas trop les moyens », ceux qui « peuvent pas aller voir le vrai, ben il y a le faux ». Cette période de vaches maigres aurait pu le pousser à raccrocher. Pourtant, ce dévouement, cette voix déjà parfaitement calquée sur celle du Taulier à 22 ans, n’allait pas rester dans l’oubli.

 

La Rencontre Qui Change Tout : Christophe Porquet

 

En mai, alors que Jean-Baptiste Guégan pensait abandonner la scène, un homme va changer le cours de son histoire : Christophe Porquet. Le manager franco-belge le découvre par hasard lors d’une prestation dans un casino. L’évidence le frappe : « Quand je l’ai quand on s’est vu, je me suis dit c’était du gâchis ». Porquet était convaincu qu’un artiste avec « ce charisme » et « cette voix » ne devait pas être cantonné à une seule région et à des bandes-son.

À l’époque, Johnny Hallyday est encore en vie, en tournée avec les Vieilles Canailles. L’idée initiale n’est pas de trouver un remplaçant, mais de faire éclore un nouvel artiste. Porquet le fait entrer en studio pour la première fois. Jean-Baptiste choisit d’interpréter « Oh Marie ». Six mois plus tard, la vidéo est postée sur Facebook et l’effet est immédiat : près d’un million de vues, un buzz inattendu qui atteste du potentiel phénoménal de cette voix.

 

L’Explosion Post-Mortem : Le Disque d’Or en Quinze Jours

 

C’est malheureusement la mort de Johnny Hallyday qui va précipiter les choses. Après des funérailles nationales qui plongent le pays dans une tristesse inconsolable, l’heure des sosies est involontairement sonnée. En septembre, Jean-Baptiste se présente à un télé-crochet sur M6 et le gagne. Sa notoriété explose.

L’année suivante, il sort un album. Les chiffres de vente sont vertigineux, dépassant toutes les attentes. En seulement 15 jours, l’album est certifié Disque d’Or, soit 50 000 exemplaires vendus. Un succès colossal, que même les stars établies peinent à atteindre.

Pour les fans, c’est l’opportunité de retrouver des « frissons » et une voix qui s’est éteinte deux ans plus tôt. Les réactions sont éloquentes : « J’ai la voix maintenant ! » Pour beaucoup, il est tout comme Johnny. Jean-Baptiste Guégan ne se considère pas comme un remplaçant – « je sais très bien que c’est pas possible » – mais reconnaît que des gens le voient comme « la suite », « la relève », et il accepte d’endosser ce rôle.

Le Sceau d’Approbation de Michel Mallory

 

La légitimité de Jean-Baptiste Guégan a été définitivement établie grâce à l’intervention d’une figure clé du clan Hallyday : Michel Mallory. L’homme qui a écrit plus de 200 chansons pour Johnny, dont l’emblématique Toute la musique que j’aime, a d’abord été le plus sceptique. Après 50 ans passés aux côtés de l’original, il avait du mal à prendre les sosies au sérieux.

Christophe Porquet, fin stratège, a dû ruser. Lors d’une rencontre sur un bateau en Corse, alors que Mallory était à bord, Jean-Baptiste a pris le micro et a commencé à chanter. L’émotion est immédiate et filmée. Le parolier n’a pu dissimuler ses larmes. Il a confié avoir ressenti que ce garçon n’était pas un simple imitateur, mais qu’il possédait « exactement le même timbre, le même vibrato et aussi les mêmes défauts que Johnny ». Ce soutien, venant d’un proche du Taulier, a agi comme une véritable bénédiction pour le sosie vocal. Il est désormais un ami de la famille Mallory.

 

Les Sacrifices d’une Nouvelle Vie de Star

 

Le succès fulgurant a cependant un prix personnel. Jean-Baptiste Guégan, père fraîchement séparé de trois enfants, doit désormais gérer une vie en tournée incessante. Les 24 dates initialement prévues dans les Zénith de France ont été complétées par 50 autres, prolongeant son tour jusqu’à la fin.

Il avoue la difficulté de l’éloignement : « Ça fait 3 mois que j’ai pas vu mes gosses ». Si ses enfants, absorbés par leur propre vie (son fils joue au foot à Guingamp), semblent s’en « foutre » du succès de leur père, ce sacrifice montre l’envers du décor de la gloire. Pour gérer cette nouvelle vie, Christophe Porquet l’a même installé en Belgique, loin des siens, mais dans un appartement épuré entouré de sa collection d’objets à l’effigie de Johnny, son idole de toujours.

De plus, si la famille de Johnny, notamment David Hallyday, porte un « regard bienveillant » sur sa démarche, la menace juridique a été anticipée. Le manager a « bétonné » tous les aspects légaux : pas d’exploitation de l’image de Johnny, pas de photos ou de vidéos de la star dans les spectacles, les chansons ne sont pas « dénaturées ». Jean-Baptiste vit dans la « voix de Johnny », une sorte de prison dorée, où la liberté artistique est limitée par le respect du mythe.

 

Le Triomphe de la Résurrection

 

Malgré la charge et la pression, Jean-Baptiste Guégan ne craint pas son public, qu’il accueille comme s’il était « chez lui ». Devant des milliers de personnes, venues chercher des « sensations disparues », le show est bien rodé, avec 13 musiciens et des classiques du Taulier.

Le public, divisé entre les puristes comme Jean-Claude, qui n’était pas convaincu au départ, et les convertis qui ont déjà adopté Jean-Baptiste, est finalement emballé. Jean-Claude confie même : « c’est bluffant quoi, je suis vraiment vraiment emballé ». Le plébiscite concerne aussi ses propres titres, que le public connaît par cœur.

Ce succès marque la naissance d’un « vrai chanteur populaire ». Jean-Baptiste Guégan n’est plus seulement le sosie, il est l’héritier involontaire. Il porte l’âme de Johnny à travers sa voix et, ce faisant, il a trouvé sa propre voie. Son destin est la preuve vivante qu’une bête de scène peut ressusciter, non pas par la magie, mais par la force d’un talent exceptionnel et le miracle d’une voix qui a traversé le temps. Le Taulier est irremplaçable, bien sûr, mais Jean-Baptiste Guégan est, sans conteste, le dépositaire de son héritage émotionnel.

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