La « Tirade du cul » : Élodie Poux Démolit un Hater avec une Riposte Digne de Cyrano de Bergerac
Dans l’univers impitoyable de l’humour et du spectacle, la frontière entre l’adulation et la critique acerbe est souvent poreuse. L’ère numérique a engendré une nouvelle forme d’agressivité, le « haterisme », qui s’attaque aux artistes, souvent de manière lâche et anonyme. Cependant, il arrive que l’une de ces figures médiatiques décide de transformer cette violence verbale en une œuvre d’art comique et un manifeste culturel. C’est l’exploit réalisé par Élodie Poux, la comédienne et humoriste en pleine ascension, dont la riposte face à un harceleur de rue a fait basculer l’indignation en triomphe de l’esprit.
Invitée de marque de Michel Drucker dans la célèbre émission Vivement Dimanche, Élodie Poux n’a pas seulement évoqué son actualité et son rôle désormais incontournable dans la série Scènes de ménages sur M6. Elle a surtout révélé l’existence d’une technique de défense unique en son genre, une parade verbale qu’elle a baptisée la « Tirade du cul ». Cette histoire n’est pas qu’une anecdote ; c’est une leçon de vie, un moment de télévision qui consacre l’humour comme la plus noble des armes contre la bêtise et le harcèlement.
Du Métro à la Rue : La Stratégie Anti-Haine
L’engagement d’Élodie Poux contre les détracteurs n’est pas nouveau. L’artiste, connue pour son énergie décomplexée et sa capacité à rire de tout, a d’abord mené une bataille sur le terrain de la communication. Elle a raconté à Michel Drucker avoir eu l’idée brillante de lancer une campagne de publicité dans le métro parisien en utilisant de vrais messages de haters qu’elle avait reçus. Le procédé était simple mais percutant : afficher la violence des mots reçus, puis y accoler une réponse pleine d’esprit, détournant la méchanceté pour en faire une matière comique.
Cette démarche préventive, consistant à désarmer la critique par la transparence et l’autodérision, a marqué les esprits. Elle a démontré que l’humoriste n’était pas une cible passive, mais une artiste capable de reprendre le contrôle du récit. Mais si la critique anonyme sur Internet est une plaie moderne, l’agression physique, ou du moins verbale, dans l’espace public reste une épreuve bien plus intimidante.

C’est dans ce contexte que la nécessité de la « Tirade du cul » s’est imposée. Un jour, un homme l’interpelle directement dans la rue, résumant tout son être à une critique vulgaire et blessante : « Tu as un gros cul. » Face à l’attaque frontale et dénuée de subtilité, l’artiste aurait pu ignorer, riposter par la colère ou simplement s’enfuir. Au lieu de cela, Élodie Poux a choisi l’art, la référence culturelle et la surenchère littéraire pour anéantir son agresseur.
La Riposte Mythique : Cyrano Contre l’Agression
La « Tirade du cul » est bien plus qu’une simple réplique ; c’est un morceau d’anthologie comique, une arme rhétorique calibrée pour faire exploser le narcissisme de celui qui s’aventure à insulter. Inspirée de la célèbre Tirade du nez de Cyrano de Bergerac (Edmond Rostand), elle reprend le principe d’énumérer toutes les manières possibles de décliner le même reproche, démontrant ainsi la pauvreté d’esprit de l’insulteur.
Comme Cyrano décline les variantes du « nez », Élodie Poux s’attaque au sujet de ses fesses avec une maestria et une créativité stupéfiantes. Elle commence par la formule d’introduction : « C’est un peu court, jeune homme. On aurait pu dire, ô Dieu, bien des choses, en somme, mais il faut varier le ton. »
Elle déroule ensuite un éventail d’improvisations qui mettent en lumière le génie de sa répartie, transformant la vulgarité de l’insulte en une galerie de portraits littéraires et absurdes :
Chaque strophe est un coup de Jarnac littéraire, un pied de nez au body-shaming qui force l’admiration. Le point culminant de la tirade est sans doute sa conclusion. Après avoir démontré l’étendue de sa culture et de son esprit, Élodie Poux renvoie son agresseur à sa propre vacuité intellectuelle.
« Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit si vous aviez un peu de lettres et d’esprit, mais d’esprit, que je vous envoie paître, vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres, vous ne possédez que celles qui forment le mot ‘teubé’. » La fin, cinglante et assumée, renvoie l’insulte à son auteur en le priant « bien vous faire cuire le cul ».
Ce moment, salué par des applaudissements nourris en plateau, n’est pas seulement un gag ; c’est un message fort sur la puissance de l’intellect contre la bassesse. En s’appropriant une œuvre emblématique du patrimoine français, Élodie Poux a élevé la réponse au harcèlement au rang d’acte militant et d’héritage culturel.
La Consécration Télévisuelle : L’Ère Scènes de Ménages
Au-delà de cette démonstration de force humoristique, Élodie Poux a évoqué son actualité brûlante : son arrivée sur M6 dans la série culte Scènes de ménages. Elle y incarne Alice, la gérante d’une épicerie avec son mari Sofiane, jouée par l’acteur et humoriste Majid Berhila.
L’opportunité, raconte-t-elle, s’est présentée directement. Abordée par M6 pour incarner le nouveau couple de la série, elle a accepté sans hésiter. L’enjeu est colossal : « Ça permet de rentrer chez les Français tous les soirs à 20h30. Ce n’est quand même pas négligeable. » Scènes de ménages est un phénomène social, un rendez-vous quotidien qui assure une notoriété immédiate et une place durable dans le cœur du public.

Le casting de son mari de fiction était l’étape la plus délicate. Conscient qu’elle allait passer « plus de temps qu’avec [son] vrai mari » avec son partenaire de jeu, le choix était crucial. Elle a activement participé au casting de six maris potentiels. C’est lors de l’essai de Majid Berhila que l’évidence s’est imposée.
Le « Coup de Foudre Artistique » : Le Duo Poux-Berhila
Élodie Poux décrit la connexion avec Majid Berhila comme un véritable « coup de foudre artistique ». Dès le premier essai, la chimie était palpable. « J’avais l’impression d’avoir déjà joué avec lui depuis 10 ans. Il suffit qu’on se regarde et on sait exactement où l’autre veut aller, vers quelle impro. » Cette alchimie, essentielle pour le format court et improvisé de la série, a été décisive.
Majid Berhila, également présent sur le plateau de Vivement Dimanche, a évoqué son parcours singulier, qui témoigne de la richesse et de la diversité du couple. Avant de triompher sur scène et à la télévision, Majid Berhila était banquier. Un choix professionnel fait pour satisfaire son père, avant qu’il ne prenne son envol vers les scènes théâtrales, son véritable rêve. Son humour a été forgé sur les planches, notamment avec le duo Les Lascars Gays dans l’émission On ne demande qu’à en rire de Laurent Ruquier, où il a effectué 130 passages.
Ce contraste — la rigueur de la banque face à la liberté de l’improvisation — donne une épaisseur au personnage. Et l’humour est omniprésent, même dans les coulisses, comme lorsqu’il raconte l’anecdote de son rôle de gendarme pour France Télévisions ou sa déception face à un sac Lidl rempli de produits Carrefour lors d’un tournage de publicité.
L’arrivée prochaine de Perrine Delaire, connue pour ses sketchs viraux sur les réseaux sociaux, dans le rôle de la sœur d’Élodie Poux, vient encore enrichir la dynamique de ce nouveau couple de Scènes de ménages.
L’Héritage de l’Esprit
L’apparition d’Élodie Poux chez Michel Drucker est plus qu’une simple promotion. C’est la célébration d’une artiste qui utilise l’humour non seulement pour divertir, mais pour se défendre et pour transformer les agressions en actes de résistance. La « Tirade du cul » restera gravée comme un modèle de riposte, prouvant qu’il est toujours possible de répondre à la bêtise par le génie, au lieu de s’abaisser à la vulgarité.
En choisissant la culture et l’éloquence pour désarmer ses détracteurs, Élodie Poux s’inscrit dans la lignée des grands satiristes français. Elle donne une voix, et surtout une méthode, à tous ceux qui sont la cible de moqueries et de harcèlement. L’humour, lorsqu’il est manié avec cette intelligence, devient un véritable bouclier, assurant non seulement la survie artistique, mais aussi une victoire morale éclatante. L’ère Poux est celle où les insultes physiques sont renvoyées à l’expéditeur, non pas avec violence, mais avec le poids écrasant de la littérature.


