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UN SECRET, UN BANNISSEMENT : LE DRAME CACHÉ DU PÈRE DANIEL BILALIAN JUSQU’À SON ULTIME ADIEU

Neuilly-sur-Seine, 17 mai 2025 – La nouvelle de sa disparition, le 14 mai, a plongé le monde des médias dans une profonde tristesse. Daniel Bilalian, figure tutélaire du journalisme français, voix emblématique des JT de 13h et 20h, et ancien directeur des sports de France Télévisions, s’est éteint à l’âge de 78 ans, dans le secret de son domicile de Neuilly-sur-Seine. Ses collègues, de Patrick Chêne à Laurent Luyat, ont salué une carrière illustre. Pourtant, derrière la façade de gloire et le panache de l’homme de télévision, se cachait une blessure béante, un regret lancinant qu’il a emporté avec lui : la tristesse d’un père absent. Un chagrin qui a trouvé un écho dramatique et inattendu lors de ses propres funérailles, lorsque, selon les témoignages, une décision choc de sa famille a jeté une lumière crue sur les tensions et les secrets qui ont marqué sa vie privée jusqu’à son ultime adieu.

Le titre d’une vie ne s’éteint jamais sans fracas, et celui de Daniel Bilalian résonne aujourd’hui comme un drame shakespearien, mêlant gloire professionnelle, larmes secrètes et conflits posthumes. La révélation d’un bannissement orchestré par son fils à l’encontre d’un invité clé lors de la cérémonie funèbre est l’ultime déchirure d’une existence complexe, résumant parfaitement la dualité de l’homme : brillant en public, meurtri dans l’intimité.

 

Le Poids Accablant de l’Absence : Les Regrets d’un Père

 

L’émotion la plus forte qui a hanté les dernières années du journaliste n’était pas liée aux critiques de ses pairs ou aux polémiques de sa carrière, mais au regret douloureux de ne pas avoir passé suffisamment de temps avec sa fille, Marguerite. Marguerite, née en 1975 de son premier mariage avec Christine de Précou, fut la lumière de sa vie, mais aussi la source de ses plus profonds tourments.

Daniel Bilalian, cet homme qui a consacré plus de quatre décennies au journalisme, de reporter à L’Union de Reims à directeur des sports, s’est souvent senti le cœur brisé en pensant à ces moments importants de la vie de Marguerite qu’il avait manqués. Les récitals de piano de son enfance, la remise de ses diplômes universitaires : autant d’instants volés par un dévouement au travail qui frisait l’obsession.

Ses années chargées à France 2, où il terminait souvent après minuit ou prenait l’avion pour des événements sportifs internationaux, ne lui laissaient que de brefs appels téléphoniques ou l’envoi de cartes postales pour communiquer avec sa fille. Une distance qui, avec le temps, est devenue un abîme émotionnel. Dans ses dernières années, alors qu’une maladie secrète le rongeait, il tentait de compenser en appelant Marguerite en vidéo tous les jours. Mais chaque conversation était un douloureux rappel des années envolées. Un ami proche a raconté l’avoir vu pleurer, un jour, en regardant une vieille vidéo de Marguerite jouant du piano, se sentant un « échec en tant que père ». Cette tristesse, Bilalian l’a portée comme une douleur sourde et constante, le sentiment d’impuissance de ne pas avoir pu transmettre tout son amour à ses proches, une douleur qui l’a hanté jusqu’à sa mort.

 

L’Ascension et les Cicatrices d’un Journaliste de Légende

 

Né en avril 1947 à Paris, la carrière de Daniel Bilalian fut un long voyage parsemé de sommets brillants et d’échecs amers. Démarrée en 1968, son ascension fut fulgurante, le menant de L’Union de Reims à l’ORTF en 1971. En 1979, il s’impose comme un visage familier du journal de 13h, apportant un style professionnel, mais accessible au journal télévisé.

Le sommet de sa carrière est atteint en 1984, lorsqu’il prend les rênes du journal de 20h. Même si cette première expérience fut brève, il reviendra à l’antenne, animant le journal du week-end jusqu’en 1990, ainsi que des émissions phares comme Stars à la barre et Dossier de l’écran (devenu Mardi Soir). Sa capacité à modérer des débats politiques complexes, notamment sur la vie politique française, a assis sa réputation. En 1995, il alterne avec Bruno Masure à la présentation du 20h, une reconnaissance de son statut d’icône de l’information. Ses succès lui ont valu d’être fait Chevalier de la Légion d’honneur en 2005, un honneur qu’il considérait comme la reconnaissance de son dévouement inlassable.

Cependant, la carrière de Bilalian n’a jamais été un long fleuve tranquille. L’un des moments les plus difficiles fut sans doute son éviction de Mardi Soir en 1991. Suite à un débat houleux sur l’extrême droite française, en présence de figures comme Jean-Marie Le Pen, Daniel fut vivement critiqué pour une gestion jugée maladroite. Il a confié être rentré chez lui “en larmes” ce soir-là, sentant qu’il n’avait pas réussi à maintenir la crédibilité de l’émission.

 

Le Prix du Trône : La Guerre Secrète à France Télévisions

 

En 2004, Daniel Bilalian prend la tête de la direction des sports de France Télévisions, une décision cruciale mais difficile. Il est alors le fer de lance de la couverture des Jeux Olympiques (Turin 2006, Pékin 2008, Sotchi 2014, Rio 2016). Cette période, marquée par des enjeux colossaux, fut aussi la plus conflictuelle de sa carrière.

En 2005, il est l’objet de vives critiques après le limogeage du commentateur de football Pierre Salviac. Quatre ans plus tard, le remplacement de Jean-René Godart par Jean Abéou ajoute à la tension interne. Le point de rupture est atteint en 2010 : les journalistes sportifs lui votent la censure, dénonçant un style de gestion « autocratique ». Face à cette tempête, Daniel Bilalian craque. Il fond en larmes au bureau après une réunion stressante, se sentant nié dans son travail acharné.

Même sa couverture des Jeux Olympiques, un de ses faits d’armes, fut entachée de critiques, notamment lors des JO de Sotchi en 2014, où certains commentaires de son équipe furent jugés « inexacts ou sexistes », lui valant des avertissements du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Ces échecs, bien que douloureux, lui ont appris la persévérance, mais lui ont aussi laissé un sentiment d’impuissance : celui de ne jamais pouvoir plaire à tous.

 

Les Derniers Jours : Le Combat Solitaire et les Lettres d’Adieu

 

La fin de vie de Daniel Bilalian fut marquée par une profonde mélancolie. Il s’était retiré dans sa maison de Neuilly-sur-Seine, espérant y trouver un havre de paix. Bien que soigné et aimé par sa seconde épouse, Frédérique Renimel, une monteuse chevronnée de France 3 qu’il avait épousée en 2020 sur l’Île d’Yeu, Daniel a passé ses derniers mois dans un état d’épuisement.

Le plus grand fardeau de ses derniers jours fut sa maladie, qu’il a choisie de garder secrète, même auprès de ses proches. Il ne voulait pas être un fardeau pour Frédérique et Marguerite, une décision qui reflétait sa personnalité réservée mais fière. Assis dans son salon, regardant son petit jardin, il se remémorait les moments qui lui manquaient le plus : ses journées de tournage, mais surtout, les instants en famille. Un ami se souvient de sa confession déchirante : « J’ai vécu une vie remplie, mais j’aimerais pouvoir revenir en arrière et passer plus de temps avec Marguerite ».

Son histoire d’amour avec Frédérique, qui avait commencé avec son premier mariage à Christine de Précou en 1971, puis un divorce dans les années 80, était teintée du même regret. Le divorce, causé par la pression et l’absence due à sa carrière, l’avait laissé profondément attristé et coupable de ne pas avoir su concilier famille et profession.

Même dans son second mariage avec Frédérique en 2020, la tristesse le rattrape. Sa maladie, découverte peu après, le pousse à se replier sur lui-même. Il passait des heures tardives à écrire des lettres manuscrites à Frédérique et Marguerite, exprimant son amour et ses regrets. Retrouvées après sa mort, ces lettres témoignent de son drame secret : celui d’un homme qui aimait profondément, mais qui avait toujours le sentiment d’avoir échoué en tant que mari et père.

 

Le Secret le Mieux Gardé : La Bataille Contre la Dépression

 

Plus terrible encore que le regret paternel, Daniel Bilalian cachait une lutte dévastatrice contre la dépression. Au sommet de sa carrière de directeur sportif dans les années 2000, la pression de la gestion d’une grande équipe, les conflits internes et les critiques publiques l’ont poussé dans une spirale émotionnelle dont il ne voulait rien laisser transparaître.

Après le scandale Pierre Salviac en 2005, alors qu’il était acculé par les accusations de gestion autoritaire, il a commencé à souffrir de graves crises d’angoisse. Ces troubles, gardés sous silence, illustrent le fossé entre l’image publique de l’homme fort et la réalité intime d’un être brisé par la pression et la culpabilité.

C’est cette somme de souffrances cachées, ce poids de l’absence et le sentiment d’échec personnel qui ont culminé lors de ses obsèques. Le bannissement d’un invité par son fils, révélé par le titre même de la vidéo de ses funérailles, n’est que la manifestation publique d’un drame familial que Daniel Bilalian, le grand homme de télévision, n’a jamais pu résoudre. Il est parti en laissant derrière lui non seulement une œuvre journalistique immense, mais aussi le souvenir poignant d’un homme qui, malgré la gloire, a manqué le plus important : le temps. Son havre de paix de Neuilly-sur-Seine est devenu le symbole de la solitude d’une légende qui, après avoir raconté des milliers d’histoires, a gardé la sienne secrète jusqu’à la fin.

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